La Grèce continue de sombrer : deux millions de prêts ne sont plus remboursés (c'est-à-dire sont en impayés depuis trois mois au moins). Dans le détail, selon les banques grecques, on dénombre 800.000 prêts à la consommation, 900.000 cartes de crédit, 100.000 prêts à des PME et 300.000 prêts immobiliers. En proportion, c’est le quart des crédits du système bancaire grec qui sont techniquement en défaut.

Comme on s’en doute, cela se traduit par d’importants besoins en fonds propres des banques, tout simplement pour leur éviter de faire faillite. De 4,5 à 6 milliards d’euros selon le gouvernement, ou peut être plus sûrement 15 milliards selon le FMI, d’après une indiscrétion rapportée par le Financial Times. Et on rappelle que le fonds de secours européen pour les banques grecques se montait à 50 milliards d’euros et que déjà 40 ont déjà été consommés…

Pourtant au niveau macroéconomique, les résultats semblent plus présentables : la croissance devrait revenir en 2014, après six années de récession, et le budget de l’Etat pourrait même afficher un excédent d’un milliard d’euros. C’est surtout ici une question d’habillage, quelques bons résultats "macros" pour cacher la misère "microéconomique", celle qui est pourtant bien réelle. Ces prévisions plutôt enviables cherchent à rassurer l’investisseur international qui se limite aux données globales.

On voit le même phénomène en Italie et en Espagne, où quelques chiffre "macros", des prévisions le plus souvent, donnent l’image d’une économie qui redémarre. Mais en creusant un peu on se rend compte, comme en Grèce, que le taux de défaut sur les prêts continue d’augmenter. Comment une économie qui redémarre, nous explique-t-on, peut-elle voir son taux de chômage, ses faillites d’entreprises, et les impayés sur les crédits continuer de progresser ?

Il en va de même en France. 2013 a été une année record pour les faillites d’entreprises, le chômage continue d’augmenter, mais les résultats macroéconomiques cachent la misère : pas de récession en 2013, et le gouvernement annonce une légère reprise en 2014. Formidable, faisons la fête. Mais là encore on note un hiatus entre l’habillage fait de chiffres provenant de la comptabilité publique, et la réalité économique. A défaut d’être de bons gestionnaires, les gouvernements maîtrisent parfaitement l’outil statistique.

Dans l’histoire des reprises économiques, il n’est jamais arrivé qu’une croissance qui redémarre voisine avec des faillites d’entreprises en hausse et une progression des taux de défaut sur les crédits ! Mais on connaît plusieurs moyens utilisés pour enjoliver les chiffres macroéconomiques : c’est notamment la prise en compte du secteur public, gonflé par les déficits, qui fait remonter le PIB en territoire positif. Les prestations sociales, elles aussi financées à crédit, permettent à la consommation des ménages de ne pas s’écrouler suite à l’explosion du chômage. Les projets publics en infrastructures font remonter les dépenses d’investissement, etc. Mais tout cela est financé par la dette publique, et la facture n’en sera un jour que plus lourde.

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